Géographie of solitude de Jacquelyn Mills

L'une de ces très belle découverte du festival s'appelle Géographie of solitude. C'est un film documentaire réalisé par Jacquelyn Mills. La cinéaste s'intéresse à Zoé Lucas naturaliste écologiste vivant une vie solitaire sur l'ile de sable à côté de la Nouvelle-Écosse. En nous entrainant dans un univers géographiquement isolé peuplé d'étoiles, de chevaux, de sable et d'herbe Mills nous fait découvrir le passé de la naturaliste et son travail minutieux sur cette péninsule pour faire prendre conscience aux habitants du continent de l'impact de la société de consommation sur la nature. C'est un film d'une grande beauté esthétique, les images sont d'une pureté cristalline. Géographie of solitude est aussi un rituel sur le cycle de la vie, un rite contre le plastique et une expérience sensitive. Les paysages époustouflants sont entrecoupés d'essais expérimentaux d'impression de pellicule exposée à la lumière lunaire et de développement d'images à partir d'algue ou d'achillée millefeuille. On peut voir par la une façon de renouer avec la nature par l'intermédiaire du mythe de la sorcière guérisseuse. L'achillée étant une plante utilisée pour apaiser les désagréments des cycles féminins, sa mise en parallèle avec l'astre du soir nous laisse entrevoir l'image de ces païennes mystérieuse dansant dans les rayons lunaires pour honorer les cycles de la nature. Le film de Jacquelyn Mills très lent, très organique nous fait sentir l'environnement où évolue la naturaliste par des prises de son. Ainsi tintement, craquement, grattement, frôlement, frottis et bourrasque créer un univers à la fois féerique, poétique et insolite. Par sa une colorimétrie pastel le film aborde avec douceur un sujet grave de façon simple en montrant les haillons d'une société qui ne prend plus le temps d'observer les dégâts qu'elle cause à une nature qui elle s'auto alimente et une femme qui, tel une magicienne ou être mystérieux qui hantant un banc de sable, travaille à une prise de conscience. Un vrai coup de cœur que je vous recommande en espérant vivement que le film sorte en salle, car vraiment c'est un vrai petit bijou d'esthétique et de sensibilité.
Le documentaire a été récompensé pour le Meilleur film Documentaire par le FIFF de Créteil et avait déjà reçu des prix par le passé.
Ecrit par Diane Panday