Saint-Omer réalisé par Alice Diop

J'ai regardé "Saint Omer" un film de procès de la
réalisatrice Alice Diop. Le film raconte le procès d'une affaire d'infanticide commis
par une certaine Laurence Coly. L'affaire est inspirée d'une affaire du même
genre l'affaire Fabienne Kaboul. Le film choisi de faire directement référence
au mythe de Médée qui tua ses enfants pour se venger de son mari. On peut d'ailleurs remarquer les jeux de mots
entre Homère le pète grec et Saint Omer le nom de la commune où se déroule le
procès.
Le dispositif du film est assez déroutant. On suite les scénarios par les yeux de Rama une jeune autrice romancière venus trouver l'inspiration au procès. Les plans sont très fixes mais en adéquation avec l'ambiance des audiences et fait bien ressentir une sorte de vide émotionnel. La voix de l'accusé est monocorde il n'y a pas de passion, elle semble débiter sa propre vie comme le ferai un écolier qui apprend une leçon. Au début le film est assez étrange mais il nécessite une petite réflexion pour être compris.
Le personnage de Rama, l'autrice venus assisté aux audiences, paraît assez inutile d'un point de vue scénaristique a première vue mais au fils du récit elle résonne comme un écho à l'affaire. Les images du début du film, les flashbacks de l'enfance de Rama, les discussions avec la mère de l'accusé, mettent en lumière le vide d'amour abyssale auquel sont confrontés tous les personnages. Le film aborde également la reproduction de ce manque d'amour maternel d'une génération à l'autre. Ce qui est mis en lumière passe aussi delà des mots, au-delà même de la conscience, de l'entendement et de la logique. Alors que les arguments qui fusent au cours du procès paraissent s'entre choquer comme dénuer de sens et paraissent presque grossier. Ce manque de sens est formulé par les personnages : "je ne sais pas" répètent-ils. Eux même ne comprennent pas ce qui se passe en eux, ils ne comprennent pas le pourquoi ils ont fait les choix qui sont les leurs... La seule explication qu'ils pensent avoir du sens : la sorcellerie. Cela donne le sentiment d'une absence à leur propre existence, comme des fantômes dissociés d'eux même. Comme le dit l'avocate de la défense c'est l'histoire d'une femme qui disparait et à la quel plus personne ne prête attention.
Comme contre-pied à cette histoire Rama prendre conscience de sa grossesse, touche son ventre, se questionner sur son rapport avec sa propre mère. Elle rompre la chaîne et prendre vie pour ne pas disparaitre elle aussi.